Arrivé après le Stereo Realist (model 1041) et le Stereo Realist (model 1042), le Stereo Realist 45, ou Model 1045, ou encore  ST 45 (toutes ces appellations sont employées indifféremment sur les documents David White), est en quelque sorte le troisième choix. Mais quel beau troisième choix ! A côté de ses frères aînés, il n'a pas à rougir : fabrication allemande oblige. En effet, ce ST 45 n'a pas été construit directement par la David White Company, mais par Iloca Camera à Hamburg (RFA), très fortement inspiré par le Iloca Stereo Rapid 3,5, lui-même une simplification du Stereo Rapid 2,8 conçu comme un concurrent des Stereo Realist ! Quelle meilleure façon existe-t-il de réduire un adversaire que de s'associer avec lui ?

Le but principal était de proposer un appareil stéréo à un prix plus démocratique : de fait, le Stereo Realist 45 était proposé à 88,50 $ en 1957, contre 129 $ pour le Model 1041 et 159 $ pour l'excellent Model 1042. L'avantage évident était de se passer des dépenses en recherche et développement qui auraient été nécessaires pour créer de toutes pièces un nouvel appareil, dans une période où la photo en relief commençait à être en perte de vitesse. D'autres constructeurs on fait les mêmes calculs, notamment Bell & Howell avec les Stereo Colorist.

Il s'agit bien d'un Stereo Realist, un concept imaginé par Seton Rochwite dans les années 40 : un format de 24 x 23 mm sur pellicule 135 et un écartement des objectifs de 70 mm sont les bases du système. Tout comme sur les modèles plus chers, la mise au point se fait au moyen d'une molette à main droite par déplacement du bloc arrière guidant la pellicule. Le Stereo Realist 45 possède même des éléments furieusement modernes que n'ont pas ses prédécesseurs : un levier d'armement rapide en lieu et place de la molette, et qui arme même l'obturateur dans un seul mouvement ! Mais comme il y a quand même un levier d'armement (en façade) on peut faire des expositions multiples volontaires. Le compteur de poses est à remise à zéro automatique, et un disque mémo sur le dessus permet de se souvenir si l'appareil est chargé ou non. Certes, la visée n'est pas reflex mais elle est ici plus précise que sur le ST 41.

L'ouverture du dos est particulière et nécessite quelques explications : il faut glisser vers l'arrière un petit curseur cranté visible à droite du tableau récapitulatif des paramètres principaux, sur la semelle, ce qui a pour effet de faire sortir la molette marquée "R". Il faut ensuite tirer complètement cette molette (course de 13 mm) et la tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre jusqu'à entendre le déverrouillage du dos. Attention, comme sur tous les Realist il n'y a pas de charnière et le dos se déboîte complètement !

On constate avec plaisir que le déclencheur se trouve à main droite, par contre le viseur a toujours cette position basse quelque peu inhabituelle, mais qui semble la marque de fabrique des Stereo Realist... Le diaphragme et la vitesse se règlent respectivement grâce à une couronne autour de chaque objectif.

Finalement, le Stereo Realist 45 n'avait peut-être qu'un seul défaut : le manque de télémètre, mais il reste un excellent appareil stéréo à la réalisation soignée.