Le Monobloc et sa version simplifiée ou "S", ont eu une longue carrière: de 1912 à 1937, fabriqué et vendu sous au moins quatre marques : Boucher, Liebe (et aussi Boucher & Liebe), Jeanneret, Broutin. La chronologie exacte de ces marques est pour le moins obscure. Liebe est attesté en 1912 (4 rue Hautefeuille, Paris), Jeanneret & Cie en 1922 (31 Bd St Germain, Paris), les autres s'intercalant dans un ordre incertain...

Sur un mode d'emploi non daté, trois formats sont proposés : 6 x 13, 9 x 13 et 4,5 x 10,7.
Nous avons affaire ici à un Monobloc Simplifié, dont il existe au moins deux versions : l’une avec le frein à air visible comme ici, et l’autre sans doute plus ancienne qui en est dépourvue.

Cet exemplaire doit dater de 1927 ou 1928, car il apparaît avec ce choix d'objectifs au catalogue Photo-Plait de 1928, ainsi que les numéros des Saphir Boyer qui les situent entre 1925 et 1930 (n° 35867 et n° 35921).

Par rapport au Monobloc, la version simplifiée ne comporte plus de mise au point, et perd la fonction panoramique.

L'obturateur Decaux avec frein à air permet les vitesses entre 1 seconde et 1/100, plus le 1/300 en séparant la tige du cylindre et le téton mobile reliant le mécanisme intérieur. Pas forcément pratique, mais efficace ! On obtient la pose B en déclenchant en deux temps, le frein étant réglé sur "0".
Une couronne sur le côté de celui-ci comporte des chiffres de 0 à 6, correspondant à (environ comme le précise le mode d'emploi):


0 = 1s
1 = 1/2s
2 = 1/4s
3 = 1/10
4 = 1/25
5 = 1/50
6 = 1/100

Le principe de ce frein à air est simple : la couronne numérotée est pressée sur l'extrémité du cylindre au moyen d'un ressort maintenu par une vis. Un trou de 1,5 mm environ laisse entrer l'air. La face en contact avec le cylindre comporte un sillon circulaire dont l'extrémité correspond au trou, de plus en plus large et profond. La face de contact du cylindre est elle-même percée d'un trou: selon que ce trou est en regard d'une portion plus ou moins large du sillon, la quantité d'air qui peut pénétrer à l'intérieur du cylindre varie. Le piston qui coulisse à l'intérieur se déplacera donc plus ou moins vite. Il a suffi de découper une rondelle de cuir neuve pour que ce mécanisme presque centenaire reparte comme au premier jour.

La partie interne de l'obturateur est, elle aussi, particulière ; des volets métalliques se chevauchent. Au déclenchement, ils s'écartent l'un de l'autre, puis reviennent se chevaucher. C'est presque un obturateur à rideaux, mais au lieu de se déplacer dans le même sens, ceux-ci s'opposent. Un tel principe utilisé avec une pellicule moderne, très sensible, produirait sans aucun doute un obscurcissement marqué des bords...

Le viseur pliant comporte à l'avant une lentille avec repère en croix, et à l'arrière une lentille bleutée censée procurer une vision proche du rendu d'une scène en noir & blanc.

Sur le dessus de l'appareil, une plaque en cuivre confirme le modèle: "Le Monobloc Simplifié, Brev. SGDG". De l'autre côté, un niveau à bulle facilite le placement à l'horizontale. Un filetage au pas du congrès se trouve d'ailleurs sous l'appareil. La plaque du constructeur se trouve sur le côté droit, sous la poignée. Il est écrit: "Jeanneret & Cie, Constructeur, 31 Bd St Germain, Paris".

La platine porte-objectifs permet un décentrement de 12 mm vers le haut (la notice mentionne 14 mm). Les objectifs ,des Saphir Boyer ouvrant à f:4,5, ne comportent pas de mise au point. Les diaphragmes, couplés au moyen d'une biellette, ont une ouverture minimum de f:32.

Le Monobloc Simplifié emploie le magasin porte-plaques "Monobloc", contenant 6 plaques stéréo, ou 4 plaques pour autochrome couleur. Dans ce cas, il fallait placer un filtre à l'arrière des objectifs dans des entailles carrées prévues à cet effet.